LE MONDE 2 | 02.05.08
En Suède, ils sont reconnus comme électrosensibles : Sylvia, Lars, Per ou Eva sont malades et se protègent. La cause des démangeaisons, des migraines ou des vertiges dont ils souffrent ? Eux accusent les ondes électromagnétiques, les scientifiques sont divisés. C'est le côté obscur des nouvelles technologies.
Avant de prendre le volant de sa Skoda rouge qui file sur les rocades de la banlieue de Stockholm, Ann a passé son casque antiradiations. Une sorte de moustiquaire, dont le grillage en argent la protège des micro-ondes répandues dans l'univers : portables, antennes relais, Wi-Fi… "Il y a d'abord cette chaleur qui me brûle le visage, et puis viennent les problèmes de concentration, je perds le fil et je perds mes mots, ma pensée devient confuse… Ce n'est pas quelque chose qu'on voudrait voir arriver pendant que je conduis…" Euh… non, on ne voudrait pas. Ann Rosenqvist Atterbom est "électrosensible". Cette grande femme au visage doux et aux épaules larges, dont les cheveux blonds se sont couverts du gris des années, présente les mêmes symptômes que les enfants des écoles françaises dont on a équipé les toits d'antennes relais. Elle se plaint des mêmes maux que les bibliothécaires de la Ville de Paris après l'installation de bornes Wi-Fi dans leurs locaux au mois d'août 2007 : migraines, érythèmes, nausées, troubles de la concentration, vertiges, palpitations, fourmillements… Partout dans le monde s'élèvent des voix, qui par milliers disent ainsi souffrir du support invisible des nouvelles technologies : les ondes électromagnétiques. La différence, en Suède, c'est qu'on ne dit plus que ces gens sont fous. On a admis depuis longtemps que leur mal était pour eux un handicap et qu'il devait être traité comme tel. En attendant de comprendre pourquoi.
Les révoltés des ondes...
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